Quand je pense à Fernande au Théâtre de la mer à Sète du 11 au 13 juin

Quand je pense à Fernande… c’est montrer ce qui se fait de mieux dans le domaine de la chanson française actuelle. Depuis la création du festival en 2002, cela a été notre règle de conduite absolue en amenant à Sète les plus grosses têtes d’affiche dans les genres les plus divers.

Faire venir des stars, c’est aussi permettre à la jeune génération de faire les premières parties. Abandonnant la formule de la Soirée Rien à Jeter, nous avons choisi de soutenir, chaque année, un groupe régional à l’image de Zoufris Maracas pour cette édition.

Leur  but est bien de soutenir au maximum les jeunes artistes et les jeunes formations, c’est pour cela que nous avons fait évoluer le concept de cette aide qui s’achèvera à Paris, cette année encore…

MERCREDI 13 JUIN – 21H00 – LAURENT VOULZY

Laurent Voulzy Cela faisait dix ans que Laurent Voulzy n’avait pas enregistré un album composé de chansons inédites. Une décennie qui est cependant passée très vite puisqu’au cours de celle-ci il a, avec le succès que l’on sait, revisité son passé musical affectif (La septième vague) et personnel (Recollection). De toutes façons, Laurent n’est pas un créateur frénétique : six albums en trente cinq ans de carrière, il aime prendre son temps, réfléchir, douter, peaufiner, hésiter, effacer, recommencer. C’est un perfectionniste qui pourrait rendre son entourage fou s’il n’avait en lui cette gentillesse profonde et ce talent qui font tout pardonner.

Voici donc enfin, après dix ans d’attente, la suite des aventures musicales originales de Laurent Voulzy. Et en bon scénariste, il nous emmène une nouvelle fois là dans des endroits dont nous n’imaginions pas l’existence, en l’occurrence vers des univers médiévaux et électro. Bien curieuse association. Sur le papier cela surprend, en entendant le résultat également, mais par son évidence, sa logique insoupçonnée.

Laurent Voulzy a deux passions dans la vie : l’Angleterre et le Moyen Age. Celle de l’Angleterre lui est d’abord venue via les évangiles de John, Paul, George et Ringo puis, découvrant le pays, il a fini par s’y installer avec femme et enfant et il y est très heureux. Celle du Moyen Age et des temps médiévaux ? Il ne le sait pas lui même. Depuis qu’il est enfant, Laurent Voulzy se sent attiré – connecté – par tout ce qui a trait au Moyen Age. Frissons en visitant certains châteaux et autres lieux anciens, impressions de déjà vu qui l’entrainent dans des mondes oniriques, passion pour les écrits de Maître Eckhart, intenses émotions quand un conservateur de musée l’autorise à toucher physiquement certaines reliques de cette époque.

A treize ans, il lisait le Roman de la Rose dans sa version originale, en vieux français difficilement compréhensible. « Je ne comprenais pas tout ce que je lisais mais j’étais emporté par le son des mots, dit il. » La deuxième chanson qu’il écrivit dans sa vie (il avait à peine douze ans) lui fut inspiré par le moyen-âge. La première par Elvis, évidement. Il était donc logique qu’il en vint un jour à enregistrer un album qui refléta cette passion pour l’époque médiévale.

Laurent Voulzy nous offrira donc, le 13 juin prochain au Théâtre de la Mer, des titres de ce nouvel album, « Lys & Love » enregistré dans les studios mythiques d’Abbey Road, ainsi que ses classiques que nous aimons tant fredonner…

MERCREDI 13 JUIN – 19H30 – Leila NEGRAU

Leila NEGRAU est une chanteuse et percussionniste originaire de l’Ile de la Réunion. Inspirée par les musiques traditionnelles : le Maloya et le Séga, auteur compositeur, elle réinvente le genre et crée son propre style, son écriture. Son image est liée à son univers de chanteuse, dynamique, populaire, délivrant un message simple de femme épanouie, un moment festif, dansant, entrainant, convivial. C’est pour cela qu’elle parcourt le monde depuis tant d’année à la rencontre de son public. Elle est sur scène avec Olivier Roman Garcia à la guitare, Séga Seck à la batterie, Bénilde Foko à la basse et Fred Breton aux Claviers. L’univers chanté et joué (il faut comprendre « acté ») par Leila reste celui des femmes, de sa vie et de l’humour qui la caractérise. Au fil de ses voyages, de ses lectures, de ses rencontres Leila tisse une toile musicale et s’en sert de support à toute écriture, elle tente modestement des exercices de style poétique et drôle. Le public aime ce mélange de théâtre de danse et de musique, c’est son originalité.

JEUDI 14 JUIN – 21H00 – IZIA

21 ans à peine, et déjà un deuxième album pour Izia. Deux ans après un premier essai enregistré dans les conditions du live qui l’avait révélée et très simplement appelé Izia, la jeune chanteuse revient en force avec So Much Trouble, collection de chansons à nouveau polies avec son acolyte Sébastien Hoog. Des titres beaucoup plus pops que leurs prédécesseurs, Izia l’a voulu ainsi. Des titres qui dérouteront les sceptiques qui soupçonnaient Izia de ne compter parfois que sur l’énergie de sa jeunesse. Cette énergie, parce que c’est son histoire aussi, elle la rappelle pourtant dès le morceau d’ouverture du disque, Baby : départ absolument rock et canon, mais qui laisse très vite la voie libre à So Much Trouble et Twenty Times a Day, petites merveilles de songwriting extatiques et décomplexées (écoutez donc les violons de Twenty Times a day). Ici, Izia se rapproche bien plus des explosions pleines de doutes de PJ Harvey que des racines seventies que certains lui ont parfois prêté. C’est au piano, confie encore Izia, que la majorité de cet album a été composé, dans le Perche, loin du monde. Et c’est une complexité supplémentaire qui s’empare ainsi de sa musique et qui l’éloigne toujours plus des évidences rock. On pense au groove narcotique de I Can Dance ou I Hate You, aux envolées songeuses de Penicilline. On pense également à la furie mélodique et contenue de She, ou à Top of the World, titre ouvert et rageur.

Ce que dévoile Izia sur ce disque, c’est une véritable envie d’écriture. Une envie d’investir – avec ses mots et sa musique – une histoire du rock qu’elle connaît par cœur, dont elle maîtrise les contours, les couleurs, les constantes, et qu’elle traverse avec une certaine grâce, entre insouciance et détermination. Sur ses chansons, elle plaque des textes qui ont mûris, qu’elle a travaillé au plus près de l’os en en réécoutant avec attention les Smiths, Joy Division ou Patti Smith. Sur ce deuxième album, Izia se dévoile lentement et prend de l’ampleur, va chercher au plus profond d’elle même : So Much Trouble, acte II réussi du parcours déjà incroyable de la jeune femme (un disque d’or, deux Victoires de la musique, des concerts complètement dingues) sonne comme une prise de position pour les années qui viennent : il faudra compter sur Izia. En tout cas, elle, y compte beaucoup.

JEUDI 14 JUIN – 19H30 – LA GRANDE SOPHIE

La place du fantôme, titre troublant pour le sixième album de La Grande Sophie.« C’est l’histoire d’une présence. Qui m’a manquée. Que j’ai cherchée. Et qui n’est jamais arrivée… »

Ce disque-ci, nous arrive à point. Il a longtemps mûri. Il s’est nourri, notamment, des trois dernières années, très riches, de la Grande Sophie. En 2009, elle publie Des vagues et des ruisseaux, disque acoustique et épuré, salué par l’ensemble de la presse, qui récolte le Grand Prix de l’Académie Charles Cros.

En 2010, elle participe aux Françoises, création éphémère pour le Printemps de Bourges, aux côtés de Camille, Jeanne Cherhal, Emily Loizeau, Rosemary Standley et Olivia Ruiz. Dans la foulée, elle s’envole pour plusieurs concerts acoustiques au Québec, et à New-York. A son retour, elle signe la composition et l’arrangement d’une musique de téléfilm, et collabore aux albums des deux grandes icônes sixties – dont elle a souvent repris les chansons sur scène : Françoise Hardy, pour qui elle écrit l’énigmatique Mister et Sylvie Vartan, à qui elle offre le single Personne.

Avec La place du fantôme, la Grande Sophie explore d’autres identités encore, et trouve son équilibre à mi-chemin entre des éléments acoustiques – flûte, saxophone, orgue planant, harmonium indie, contrebasse, ocarina – et des synthétiseurs analogiques aux sonorités 70-80’s, sur fond de rythmiques pop et de mélodies toujours aussi claires et inspirées. Comme une ride d’expression à la surface du coeur, ce sixième album creuse un sillon, amorcé avec Des vagues et des ruisseaux : les chansons y sont plus introspectives, moins enjouées qu’auparavant.

Sophie semble avoir rangé une fois pour toutes la petite girafe (presque) éponyme qu’elle a longtemps portée comme une relique d’enfance – forcément gaie et insouciante –, pour apparaître enfin telle qu’elle est, assumant avec authenticité et sincérité sa propre étrangeté. Les morceaux laissent davantage de place aux instrumentations, aux respirations et à un certain souffle lyrique. On y danse sur l’ondulatoire Quand on parle de toi, ou le « funky » caustique Dans ton royaume. On se prend d’amour pour une Suzanne aérienne qui donne le vertige. On fredonne, dès la première écoute, l’efficace en diable Ne m’oublie pas qu’on n’est pas prêt d’oublier et on plane sur Bye bye etc, porté par un moog hypnotique et vrombissant.

La place du fantôme est un album dans le sillage duquel on a envie de s’émouvoir longtemps. Rencontre avec une « présence » familière et bienveillante. « La place du fantôme » (Polydor, 2012)

VENDREDI 15 JUIN – 21H00 – SANSEVERINO

Après une tournée rock’n’roll tonitruante, aux accents rockabilly, bluegrass et country, Sanseverino n’hésite pas à changer – de nouveau – de registre. Celui qui a démocratisé la musique manouche, repris en fanfare les routes avec un big band, puis s’est fendu d’un trio avec deux accordéons, pratique cette fois-ci l’épure pour revisiter son répertoire.

De plus en plus heureux d’être sur scène, en ces temps où devenir correct et bien coiffé, poli et peau lissée, devient presque une obligation… Changer de formule est devenu une évidence, c’est le « revisitage » à 3, d’un répertoire déjà revisité à 2. Et sans cesse en mouvement.

En accueillant Xavier Mesa (Parabellum, William Sheller, grand orchestre de l’Élysée Montmartre) un nouvel élan sans arrêt renouvelé survolte Sanseverino qui, à 50 ans, en fait, en a 20 ! Euh, non, 16, enfin bon 18 !

VENDREDI 15 JUIN – 19H30 – ZOUFRIS MARACAS

Zoufris Maracas Une vie d’exil et de nostalgie : c’est le sort qu’ont connu la plupart des « zoufris », ces ouvriers algériens venus travailler en France dans la seconde moitié du XXe siècle. Des hommes en bleu de chauffe, coiffés d’un casque de chantier, vivant dans le souvenir sublimé de leur terre natale. La solitude aidant, le terme est devenu synonyme de « célibataires »… Vin’s et Micho, fondateurs des Zoufris Maracas, la trentaine sombre et mordante, vivent eux aussi en exil : au sein de leur propre pays, rendu méconnaissable par les « dieux du pétrole et de l’emploi ».

SAMEDI 16 JUIN – 21H00 – CATHERINE RINGER

Premier âge

Catherine Ringer démarre une carrière de mannequin enfant à l’âge de 8 ans et y met fin 2 ans plus tard en tirant systématiquement la langue lors d’une séance. S’ensuit un film télé « Les Deux Coquines » produit par Marianne Oswald en 1969. Elle quitte l’école à 15 ans préférant la « vie active ». A 17 ans, Catherine devient chanteuse, entre autres:
Théâtre musical pendant deux ans avec Michael Lonsdale et Michel Puig où elle forge sa voix : cris, voix à grains, hypers aigus, graves étranges… Comédie musicale avec Marcia Moretto et Armando LLamas au Café de la Gare à Paris, Catherine chante, danse et joue. Théâtre musical classique avec « Mère Courage » de Bertolt Brecht. Elle y interprète « Yvette » et assure les parties chantées d’autres personnages. A 18 ans elle est engagée par Yannis Xenakis comme soliste pour la création mondiale de « N’Shima » au Théâtre de la Ville à Paris. Elle chante une partition en 1/4 de ton « d’une voix sauvage » comme le demandait le compositeur. Films et photos X égrenés de-ci de-là entre 16 et 20 ans, ces « expériences artistiques », comme le disait cette époque, ne semblent pas du tout rappeler de bons souvenirs à la chanteuse.

Et c’est le deuxième âge.

En 1979, à 21 ans, Catherine chante dans une comédie musicale engagée style « rock » de Marc’O où, pour la première fois, elle chante électrique (avec micro). C’est lors d’une audition pour changement de musiciens qu’elle rencontre Fred, 24 ans, qui venait là pour entendre cette chanteuse rock qu’il ne connaissait pas, lui qui faisait partie de ce monde. Il voulait savoir qui était cette fille dont la photo en gros plan sur l’affiche l’avait séduit. Son chant lui plut, il sentit qu’ils pouvaient faire quelque chose ensemble et il la « dévergonda » de cette ambiance intello qu’il détestait.

Un rêve à elle se réalisait : Un vrai groupe de rock comme les Stones !

Ils travaillent ensemble, vivent de leur musique « chichement » mais bien ! Ils forgent leur « manière » où finalement ils se trouvent mieux à bricoler à deux tous les instruments, enregistrés par Maître Fred, l’ingénieur. C’est là que Catherine se met à la guitare, la basse, le piano dont elle jouait chez sa grand-mère… les percussions, sa flûte douce… Tout servait ! Sa fantaisie, sa palette donnent libre cours et sont rendus bien efficaces par Fred. Dans la chanson pop-rock-funk-électro, ils font selon leurs envies (et leurs capacités). Leur devise : « Mieux vaut des parties simples et jouées avec le bon feeling musical que des choses plus dextères mais qui ne collent pas ». Sur ce fait, on connaît la suite et le succès pour les Rita Mitsouko, en 1985 avec « Marcia Baila ». Ils travaillent avec Tony Visconti, Iggy Pop, the Sparks, Jesse Johnson, William Orbit, Serj Tankian… Ils sont également connus pour leurs vidéo-clips style « petit music-hall ». Catherine a trouvé son partenaire et leur association durera, avec ses hauts et ses bas, pendant 28 ans. Ils travaillent ensemble mais aussi séparément : musiques de film, comédies musicales, productions hip-hop…

En 2007, un fulgurant cancer fauche un Fred en pleine forme, le groupe était dans une bonne veine avec « Variéty ». Après une transition/continuation de la tournée qu’ils avaient commencé, Catherine ne chante plus de manière spontanée. Sa voix s’est tut.

C’est Pascal Simoni, son pianiste d’alors qui lui propose, et pendant ce deuil, de chanter un peu, quelques chansons qu’elle aime bien, du Stevie, du Brassens, ce qu’elle veut ! « Ok ouais »… Et puis en Juillet 2008 Mark Plati passe a Paris, il a dix jours, il pourrait « venir faire de la musique tranquillou avec elle – Ouais, ok ». Ils s’y mettent et ça sort ! Des riffs de Catherine joués par Mark, des riffs de Mark arrangés par Catherine. Les deux Marks, Plati à la guitare et basse, et Kerr à la batterie, Catherine au chant et c’est parti. En 10 jours, 6 chansons, bien là, enregistrées au studio SIX (société des Rita). Trois seront finalisées pour l’album : « Z Bar », « Yalala », et « Pardon ». Mauro Gioia – complice de Catherine pour l’album « Rendez-Vous chez Nino Rota » – vient chanter deux titres : « Yalala » et « Z Bar ».

C’est net, l’inspiration n’est pas morte… Il faut continuer ! La tournée se prolonge, puis se termine fin 2008 sur l’album live « Catherine Ringer Chante Les Rita Mitsouko And More », enregistré et mixé par Mak Plati. En 2009, Catherine décide qu’il est temps de voir ce qu’elle sait faire toute seule en composition et en prod. Avec Azzedine Djelil ou Jean-Baptiste Brunhes aux commandes du studio Six dit Francis, elle compose les titres, joue (piano, boucles, synthé, guitare, basse), trie… Des chansons avec Mark Kerr aussi, batteur, joueur de MPC. Quand Mark joue sur sa collection de sons, ça fait rêver, ça l’inspire !
Catherine retravaille et intègre « Rendez-Vous », une chanson qu’elle avait écrite et interprétée en 1998 avec coba, l’accordéoniste japonais. Elle fait une chanson à partir de « l’Adagietto » de Mahler. Tout au long de ces mois, Catherine entend les conseils de Fred.
Février 2010. C’est prêt ! 17 « chansons dansantes » en boite dont 12 à finaliser : quelques arrangements, les voix définitives, le mix… Catherine choisit un maître du groove, RZA, qui accepte ! C’est en septembre 2010, à Los Angeles, que le studio Paramount les accueillent. Super ambiance ! Impros, danses, rires… RZA est agréablement dépaysé, retrouve aussi des ambiances « qu’il aurait pu créer » (« Punk 103 », « Got It Sweet »). Dix jours d’arrangement et Catherine voit défiler avec bonheur guitares funk, soul, hip hop et l’incroyable John Frusciante, des Red Hot Chili Peppers… Yo ! Après un temps d’incubation, Catherine décide de faire le tri des enregistrements de LA, de finir elle-même les arrangements manquants au studio Francis, puis de faire les voix définitives et les mix avec… Mark Plati !

Ring comme sonne…

Roll comme roule…

CATRINGER repart sur les routes pour le RING N’ ROLL TOUR.

TROISIÈME ÂGE POUR CATHERINE RINGER AVEC LA SORTIE DE SON ALBUM « RING N’ ROLL »

SAMEDI 16 JUIN – 19H30 – ARTHUR H

Baba love. Un titre qui sonne comme une ode à l’amour. Dans sa quarantaine, Arthur H nous livre un album aussi mature qu’audacieux. Mu par un désir impératif de liberté, il a largué les amarres, monté sa propre boîte de production et d’édition, changé de musiciens, confirmant sa réputation d’ovni musical, aventurier tous risques.

La musique est là, sobre, élégante, moderne, classieuse. Pour ce faire, une équipe de choc. Le jeune Joseph Chedid à la guitare, une section rythmique infernale tenue par Aymeric Westrich et Alexander Angelov des groupes Aufgang et Cassius accompagnés de Vincent Taurelle, entre autre pianiste du groupe Air. Le tout réalisé par Arthur H et Derya Uzun, son compagnon de son. Enregistrement à la cosaque, sur bandes analogiques au Studio Black Box. Un Steinway, un Yamaha, un Vox Electra, l’orgue des Doors, Un Rhodes 1974 et un Mellotron antédiluvien, le sampler des sixties. Un son pur et organique, un espace musical libre où il fait bon s’abandonner.

Arthur H se balade, il se perd et on le suit, toujours plus loin. Il nous livre la quintessence de ce qu’il sait faire le mieux, de la poésie avec de la musique. Pas de consensus, pas de faux-semblants, pas de sentimentalisme gratuit, juste une livraison immédiate d’émotions pures. Les ingrédients : de l’amour, de l’art, de l’humour, des voyages, du sexe.

Équipe de choc, invités d’honneur. Jean-Louis Trintignant, qu’on ne présente plus, Saul Williams, chanteur poète américain considéré comme l’une des grandes figures du hip-hop soul, la délicieuse et très solaire Izia et la mystérieuse Claire Farah.

La voix d’Arthur est complètement libérée, chaude, légère, vivante, passant sans difficulté du grave à l’aigu, avec une diction précise et efficace. La langue française vit et vibre dans le palais ultrasensible de notre French cow-boy. Comme dans Prendre corps, un poème fleuve de Ghérasim Luca, un délire sexuel porté à l’incandescence digne des meilleurs Gainsbourg. Ou encore L’Ivresse des hauteurs, un conte fantastique et mystique porté par les timbres hypnotiques de Trintignant et de H. Des mots qui sonnent, des mots qui claquent, en français comme en anglais. On n’a jamais entendu rapper Arthur avec une telle puissance sur Basquiat, un hip-hop funk-rock bâtard sur le peintre rock-star où sa voix se marie à la perfection avec celle du grand Saul Williams, un des inventeurs du slam new-yorkais.

L’Homme du Monde a grandi et Adieu Tristesse semble loin derrière nous, du coup Baba Love nous communique une joie explosive, une quête du sentiment amoureux, un abandon heureux. C’est La Beauté de l’amour, L’Ivresse des hauteurs, l’Arc en ciel, Un rayon de soleil, c’est BABA LOVE ! Melinda Brosse

DIMANCHE 17 JUIN – 21h00 – THOMAS DUTRONC

Le spectacle Comme un manouche sans guitare, qui a donné lieu à l’album du même nom, était plein de ces blagues entre lesquelles les chanson se faufilaient. Pour ce nouvel album, Thomas Dutronc, dont le succès lui a donné confiance en ses capacités de performer, a eu envie d’être plus chanteur encore. Ce qui veut dire présenter des chansons et se garder les sketches pour la scène. Un chanteur populaire c’est du sérieux, quand bien même le propos est ponctué d’expressions à tiroir. Thomas Dutronc n’a pas d’a priori, pas de snobisme. Il croit en la sanction du public. Tout au long de l’écriture, il s’est posé la question de la résistance au temps. « Spontanément, je serais plutôt Monty Python. Mais quelle est la durée de vie d’une blague sur un disque ? Je me suis énormément censuré. Même si j’éprouve encore une retenue à m’étendre sur mes sentiments, j’ai cherché à écrire des chansons qui avaient une nécessité. » Il a écrit des westerns modernes (Clint, zébré de guitares Shadows), une chanson sur ses envies d’ailleurs (Sac Ado), une fantaisie (Alerte à la blonde), une autre écolo-dramatique (Oiseau fâché) et même une ballade à la peau sensible (Sésame). Dans le lot, beaucoup de phrases gimmicks, de celles qui déclenchent un texte, sont passées à l’as. Exemple : « À sa naissance le petit Octave ne pesait que 3 kilos octet » ou « Un peu de silence, fermez Google ».

L’ensemble peut sembler disparate, il a sa cohérence. Tout l’album, aux accents rock dominants, mais accueillant également des bossas et des swings irrévocables, est tenu par un même fil rouge : Silence on tourne, on tourne en rond est un disque qui se situe dans la dernière ligne droite de l’insouciance, lorsque, entre deux claquements de verre, on hésite entre l’envie de se projeter dans une vie d’adulte très sérieuse (pour rester poli) et l’envie de se laisser envahir quelques instants encore par ce gamin qui dort en soi (mais que d’un oeil). « J’arrive à un âge où les impératifs familiaux sont de plus en plus serrés. Heureusement, j’ai la chance de pouvoir tomber encore en embuscade. La liberté de pouvoir s’autoriser ces moments-là c’est ce qui définit tous mes copains. » Thomas Dutronc s’est créée une bande qui tient dans une (grande) roulotte, toujours prête au départ — d’où la pochette du disque esprit Barnum Circus réalisée par Yann Orhan.

Après les premières moutures en Corse à l’été 2010, Thomas Dutronc et ses musiciens se sont donné rendez-vous au studio Enghien, dans le quartier de Strasbourg-Saint-Denis, à Paris. Il a assorti ses chansons, concentrés sur une écriture binaire, d’une sonorité pop — dans le bus de la tournée Comme un manouche sans guitare, celui qui connaissait il y a quatre ans à peine l’existence de You Can’t Always Get What You Want des Rolling Stones, trop pris par le style manouche, s’est fait une culture pop. Ne vous avisez pas de lui demander les noms. Il a passé l’âge des petits singes savants du rock. Il reste cependant un parfum, une tonalité, que le chanteur a eu le bon goût de ne pas noyer dans un mixage à l’anglaise — lorsque le chant se trouve au même niveau que les instruments. On dit souvent, à propos des chansons françaises, que ce qui accroche l’oreille c’est la mélodie, mais que ce qui fait qu’on les chante dans les mariages, c’est le texte. Thomas Dutronc fait de la chanson française, et c’est très bien ainsi. Depuis que le mariage est redevenu à la mode, ça devenait une urgence…

DIMANCHE 17 JUIN – 19H30 – LAURENT MONTAGNE

« C’est le Laurent nouveau qu’on découvre, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il décoiffe et sort des sentiers battus de la chanson formatée prête à consommer. Le temps lui appartient, et l’espace devant lui, avec des formules qui sont de purs diamants. On est touché par ce discours dégraissé, la grande économie de mots, la sensibilité pudique sous ses pirouettes imprévues et délurées, l’espièglerie et la malice, le timbre très personnel de la voix, son imaginaire poétique. On cherche en vain de qui il pourrait être l’héritier, mais une chose est certaine : Laurent Montagne s’inscrit dans le droit fil d’une chanson française qui va de Barbara à Leprest, avec ce ton qui n’appartient qu’à lui d’interprète acrobate. Acrobate? On ne change décidément jamais tout à fait… »

Alain Fantapié – Président de l’Académie Charles Cros

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