sortie du clip Brasilia de Turzi

A l’occasion de la sortie du clip Brasilia de Turzi, le label Record Makers vous offre en cadeau le titre Baltimore (Turzi vs Zombie Zombie Alive In Baltimore), un voyage musical à télécharger !

Proposition théorique dont vous faites ce que voulez : le rock « rétro » a gagné. Le « rock de demain » n’a aucune visibilité, il roule dans le noir, dépassé depuis longtemps par le hip-hop ou la techno. Maintenant, ce qu’il faut essayer de comprendre quand même, c’est si l’histoire du rock est vraiment finie ou si elle peut continuer, en essayant de rêver son passé, en fantasmant sur les portes entrouvertes mais jamais vraiment poussées. En écoutant B, le nouvel album de Turzi, on se dit que ces musiques semi-secrètes ont été bel et bien entendues, et on saisit que les virages troubles pris par le passé sont actuellement reconsidérés et réempruntés. Car chaque morceau de B ou presque se réfère plus ou moins explicitement à une zone d’ombre de l’expérience sonore contemporaine – psychédélisme noir, pop ou même musique savante – qu’elle fait revivre sans jamais la reproduire telle quelle. Car pour Turzi, il ne s’agit pas de reproduire, mais plutôt de réinventer, digérer, digresser, réactiver, réanimer.

Romain Turzi est un musicien et compositeur de 30 ans, originaire de Versailles, accompagné sur scène par ses Four Organs. Il a sorti un mini-album (« Made Under Authority ») en 2005 et un album initulé A, en 2007, tous deux chez Record Makers, déjà. A était un disque dense, méthodique, homogène, une sorte d¹album-programme, d¹introduction générale qui tout à la
fois rendait hommage au passé et fonçait vers le futur. Il annonçait l’émergence d¹une nouvelle scène psychédélique française que le NME qualifia alors de psych nouveau, au sens où elle s¹inspirait des classiques du genre, plutôt issus du rock, mais s¹imprégnait en parallèle des musiques électroniques. Le disque sort aussi aux Etats-Unis, et le groupe joue d’ailleurs à la fameuse convention texane South by Southwest. Il ouvre aussi l’an dernier pour Simian Mobile Disco lors de leur tournée anglaise. La presse française et étrangère sont unanimes face au psychédélisme austère mais magnétique pratiqué par Turzi et sa bande. Arthur Rambo, le bassiste, monte avec Romain Turzi le label Paneuropean recordings.

Pour B, Turzi tenait à faire un disque un peu plus capricieux, plus versatile, et à décliner les intentions de A en de multiples versions en gardant la même ligne en termes de discours et d’approche, et en de multiples lieux, puisque chaque morceau porte le nom d¹une métropole commençant par la lettre B.
Là où A s’apparentait à une collection d’instantanés sonores, de performances saisies telles quelles, B a été conçu en deux étapes distinctes : un enregistrement rapide et instinctif, réalisé en Corse du Sud, dans l’autarcie d’une maison isolée, puis totalement remis en chantier au cours de la production, assurée à Paris par Erwan Quinio et Turzi lui-même dans son studio du Point Ephémère.
Pour l’additional production et le mixage, il a fait appel à Max Heyes, ingénieur du son généralement porté sur un son rock atmosphérique (Primal Scream, Ocean Colour Scene, Paul Weller, The Doves), pour harmoniser du mieux possible le côté très débordant du disque. Heyes est réputé pour son usage abusif (à l’anglaise !) de la distorsion : les crêtes sont poussées au maximum pour obtenir un son très frontal. Le résultat est probant : on vogue d¹un son très compressé, très direct, à des zones beaucoup plus aérées, plus spacieuses, d¹un rock heavy et conquérant (le morceau d’ouverture, « Beijing »), à de troublantes plages électroniques répétitives, au son très live et vintage (« Brazilia »), en passant par des méditations drone rock indianisantes (« Bombay »).

Deux invités de marque éclairent l’album de leurs voix caractéristiques : Bobby Gillespie de Primal Scream chante la révolte comme au temps de ses 20 ans sur « Baltimore », tube « indie-dance 2010 » mixé par la paire mythique Max Heyes / Brendan Lynch, tandis que l¹irremplaçable égérie hippie Brigitte Fontaine déclame des paroles messianiques sur le tribal et urbain « Bamako ».

Affranchi des clichés kraut et psyché dont il fut un des initiateurs, Turzi honore donc avec B la lignée d¹un psychédélisme exotique quoique continental, proche de Can, dans le concept, et évoquant aussi bien, dans le son, Black Sabbath et Pink Floyd que Drexciya ou la cosmic disco. Les villes qui le jalonnent doivent être prises comme des climats possibles, des fantaisies spatiales. Comme à son habitude, Turzi soignera ses concerts, intitulés cette fois-ci « Turzi joue B ». Des projections Google Earth suivront le chemin parcouru par l’album, pour un trip moderne et parfait.

Artwork signé Marke Newton

Le clip :

 

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