INTERVIEW Aimé NOUMA par Aïssatou

1/ Comment êtes vous arrivé à la musique et à la chanson ?

Par un très long cheminement. Alors que j’étais au Cameroun pendant les années 90, j’ai rencontré un jeune artiste avec lequel je partageai le goût des mots et des lettres de la langue française. Pendant une assez longue période, l’on se retrouvait sérieusement (tous les matins) pour écrire à quatre mains toutes sortes de textes, poèmes, chansons, sketches, scénarios etc…

J’écrivais juste pour le plaisir, mais mon compagnon d’écriture qui jouais aussi de la guitare  accompagné de quelques musiciens a réussi à sortir son premier album  et qui remporte à l’époque  un très grand succès. Quelques années plus tard, cet artiste, nommé Donny Elwood me retrouve par hasard à Paris, et en panne d’inspiration me propose de co-écrire avec lui les chansons du nouvel album qu’il souhaiterais interpréter. Nous écrivons ensemble deux titres puis je réalise rapidement que je me sens bien plus inspiré à décrire mon propre univers artistique, à écrire mes propres chansons .Voila comment j’en arrive à écrire mes premiers textes !

Dans le même temps je découvre l’existence du SLAM et commence alors à me produire régulièrement dans les bars et autres slam-sessions. Parallèlement  à cela je rencontre des musiciens et des compositeurs avec lesquels je mets avantageusement mes paroles en musique.

2/Comment vous définissez vous en tant qu’artiste ?

En tant qu’artiste, je dirai que je suis à la fois conteur, griot, messager, poète aussi.

Un témoin parmi tant d’autres de mon temps, une mémoire, une voix porteuse d’espoir, une voix revendiquant sa liberté d’expression.Une voix prônant la solidarité et mettant du baume au coeur comme avec le slam “TOUS PLUS FORTS QUE TOUT “ hymne officiel du Téléthon 2009.

3/ Pourquoi le slam ?

Parce que je ne savais ni chanter, ni rapper, mais que j’avais néanmoins besoin de m’exprimer. Parce que je voulais faire valoir la qualité de mes textes et non uniquement celle de mon flow (débit vocal) ou la beauté (présumée) de ma voix. Aussi parce le slam procure une plus grande liberté dans son écriture qui n’est pas soumise au sempiternel couplet-refrain.

4 /Pour vous chanson rime t’elle avec recherche de justice sociale ?

Chanson et recherche de justice sociale…Mais ça ne rime pas ensemble! Non je veux juste faire rimer chanson et bon son .

Non sans plaisanter, dans mes textes je parle de tout et de rien, de mon vécu, du quotidien, de ma condition d’être humain, de ma situation d’homme, de mes joies et problèmes d’hommes à femmes, de mon statut d’homme noir dans un pays blanc. De ma condition de citoyen du monde, de mes espoirs pour le monde de demain etc… Je crois qu’il s’agit plus d’humanisme que de social

5/ Selon -vous la musique: c’est un engagement ou une simple passion ?

La musique pour moi, c’est bien sûr passionnel, c’est aussi un véritable engagement. C’est le canevas dans lequel je me retrouve avec moi-même. Je dirais donc que c’est un besoin viscéral pour que je me sente pleinement exister.

Après avoir fait le tour de la question, je me rends compte que le talent que l’on me prête est ce que je peux offrir de mieux à la vie. Que c’est avec la musique et le slam que pour l’instant je peux faire le plus grand bien autour de moi.  Alors je me suis engagé auprès de moi-même à le faire.

6/ Pourquoi la musique comme simple moyen d’expression ?

Peut-être par paresse ou par facilité, en tout cas pour l’instant. En fait je crois qu’il peut être plus facile ou plus rapide d’accéder à une certaine notoriété par ce biais. Néanmoins j’envisage déjà sérieusement d’écrire des oeuvres littéraires plus importantes comme des essais ou des romans. Admettons que je me crée tout d’abord un public.

7/ D’où est née cette passion ?

Déjà je ne sais vraiment pas s’il s’agit d’une passion. Moi ce qui me passionnait quand j’étais enfant c’était le foot. Pourtant je dois avouer que la musique a toujours été très présente dans ma vie et très tôt, dès l’enfance. J’ai toujours eu des amis musiciens, danseurs, disc-jockeys ou mélomanes qui étaient tous avides de m’initier à leurs goûts et connaissances musicaux. Comme si leur devoir était de m’amener sur cette voie, finalement devenue aujourd’hui la mienne .

8/ Que ressentez-vous devant le public et pourquoi ?

Du plaisir tout d’abord, d’ailleurs je crois que si je n’aimais pas la scène je ne m’infligerai pas la souffrance de se mettre en jeu devant des inconnus. Ensuite le désir, de les séduire, de les faire voyager, de les emporter dans mon univers, puis de les ramener dans leur réalité, plus détendus, souriants, heureux d’avoir su apprécier la beauté et la subtilité de la langue française .

9/ Depuis quand êtes -vous en France et pourquoi ?

Mon père était un travailleur immigré de luxe, un footballeur camerounais débauché par un club de foot français pour renforcer son effectif. Voila pourquoi je suis arrivé en France à l’âge de cinq ans .

10/ Quel rapport avez-vous avec votre pays d’origine?

Je suis retourné au Cameroun l’année de mes 22 ans. J’étais fier et heureux de fouler à nouveau la terre de mes ancêtres. J’ ai vraiment passé du bon temps, à tel point que j’y suis retourné l’année d’après. Mais c’était juste des vacances et je ne connaissais pas réellement les réalités locales auxquelles j’ai été ensuite confronté durant un plus long séjour  durant les années 90.

Que dire…J’aime le Cameroun , j’adore le Cameroun mais éloignement oblige ,je me sens bien plus proche d’une culture française dans laquelle j’ai été baigné la quasi totalité de ma vie . Je suis néanmoins heureux de tous ces séjours dans mon pays d’origine que m’ont permis de me réancrer solidement et de trouver en moi de profondes racines. Si je peux me le permettre, je conseille très fortement à tout un chacun d’aller parfois faire un tour dans son pays d’origine .

11/Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

Je finalise enfin mon premier opus musical, qui j’espère sera assorti d’un ou deux clips.
J’espère,pourquoi pas rencontrer un bon et franc succès public et critique, surtout si je bénéficie d’une bonne com et d’une bonne promo.Voila c’est dit  j’escompte bien faire une bonne carrière artistique. Pourquoi pas aussi de beaux rôles à l’écran et des succès en librairie. Je ne sais vraiment pas ce que l’avenir me réserve, mais ce qui est sûr : c’est que je n’envisage pas me mettre moi-même des limites. D’ailleurs le premier album musical auquel j’ai participé  s’appelle UNLIMITED PROJECT “Sounds of Paris”

12/Comment vous définissez vous comme artiste slameur ?

Comment répondre à cette question…je ne sais pas ! La première fois que j’ai slamé, l’organisateur de la session est venu me voir et m’a dit: « Toi t’es un vrai black titi de panam »

C’est sûr que je portai une casquette sur la tête mais je crois quand même bien que c’est  pour l’originalité du style qu’il disait cela.  Que dire , que je suis sans doute un des rares slameurs de France et de Navarre  à avoir pu faire passer du slam et des slameurs à la télé losrque j’animais mon émission “Slam’parle de…”sur la chaîne La Locale TV. Un nom à la con pour une chaîne du cable qu’on peux capter du Canada à l’Oural en passant par le Maghreb.

13/ Vous êtes slameur de coeur, explication?

En 2006, j’ai eu la chance d’être sollicité pour présenter en tant qu’animateur et slameur, le concert caritatif “Archange Solidarité “en faveur d’Emmaüs et organisé au Bataclan par Julien Voulzy, le fils de la star Laurent qui était également présent ainsi que N.Leroy, L.Chédid ,Ours, Lady Laistee et d’autres encore.

Depuis j’ai multiplié ce type d’engagements, d’actions solidaires pour le Sidaction, Mécénat Chirurgie Cardiaque,  Aides, les Orphelins d’Haïti etc…et bien sûr le Téléthon.

C’est je crois ce qui m’a valu d’être reconnu comme un slameur de coeur.

BIOGRAPHIE Aimé NOUMA

  • 1958 Naissance à Yaoundé (Cameroun)
  • 1963 Arrivée en France
  • Début de parcours scolaire brillant ,grande facilité d’adaptation grâce à un talent  remarqué de footballeur en herbe.
  • Problèmes familiaux et faillite scolaire.Echec au Bac,
  • Echec centre de formation Girondins de Bordeaux.
  • Délinquance
  • 1989 Départ au Cameroun
  • 1997 Retour en France dans le cadre de l’émission télé “Questions pour un champion international ”
  • 2003 Première scène SLAM
  • 2005 Première émission télé “Slam’parle de…”
  • 2006 Concert “Archange Solidarité”
  • 2007 Album “Unlimited Project-Sounds of Paris”
  • 2009 “Tous plus fort que tout”Hymne officiel du Téléthon
  • 2010 Musiques du film “Les yeux dans Barbès”sur la coupe du monde de football

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