Flavia Coehlo Nouvel album « Mundo Meu »

Flavia Coelho

Juste avant le coup d’envoi du mondial, la brésilienne Flavia Coelho présente son deuxième album Mundo Meu le 03 juin 2014 avec de nombreux invités. Entourée de Patrice, Tony Allen, Speech d’Arrested Development, et Fixi & l’Ultra Bal, Flavia Coelho invente de nouvelles textures sonores où l’on retrouve toute la culture musicale brésilienne. Plus roots que son premier album, Mundo Meu nous raconte ses racines et nous plonge dans l’argot de sa langue natale. Son flow y résonne sur un Baile Funk urbain, le Repente de papa devient Afrobeat, le Forró et la Samba retrouvent des couleurs et se la jouent Hip-Hop, les racines de la musique africaine poussent au milieu des chants Kanak, le boléro revisité danse le ragga, et les musiques d’Europe de l’Est s’invitent sous les tropiques en faisant un détour par la Jamaïque. Flavia Coelho a présenté certaines de ses nouvelles chansons au Printemps de Bourges le 26 avril, et vous convie à sa release party le 3 juin avant une tourbillonnante tournée qui passera par l’Olympia le 17 octobre prochain! Chant sensuel et flow énergique se baladent au rythme des influences brésiliennes et afro-latines mêlant joyeusement samba, baile funk, reggae, afrobeat, boléro, hip-hop, et forró…

Poussée par une soif d’aventure héritée de sa mère, Flavia Coelho débarque en 2006 à Paris, la ville de ses rêves. Alors qu’elle commençait à se faire un nom au Brésil, Flavia repart complètement à zéro. Sous la houlette du guitariste et bassiste camerounais Pierre Bika Bika et du producteur multi-casquettes Victor-Attila Vagh, Flavia sort son premier album Bossa Muffin en 2011 et entame une tournée qui ne s’arrête plus.

C’est le début d’un joyeux feu d’artifice où pêle-mêle elle obtient le prix tremplin Génération Réservoir, reçoit le trophée révélation musique des Femmes en Or, ouvre pour Gilberto Gil aux Nuits de Fourvière, fait salle comble au Nouveau Casino et à La Cigale, se fait remixer par Elisa Do Brazil, DJ Ordoeuvre et DJ Kayalik de Massilia Sound System, séduit la presse anglaise du Guardian au Times, enregistre en duo avec Gari Greù la chanson officielle de Marseille-Provence, et se retrouve jouée sur le Champ-de-Mars lors du 14 juillet ! Un feu d’artifice on vous disait.

120 concerts plus tard Flavia Coelho a définitivement charmé les français. C’est juste avant le coup d’envoi du mondial que la jolie brésilienne nous présente l’attendu deuxième album Mundo Meu réalisé par Victor-Attila Vagh et mixé par Tom Fire. Entourée de Patrice, Tony Allen, Speech d’Arrested Development, Fixi & l’Ultra Bal et Woz Kaly, elle y déplie son monde intérieur comme une carte urbaine immense et multicolore. Flavia bâtit de nouvelles textures sonores sur la mémoire de toute la culture musicale brésilienne, chantant la beauté mais aussi les dangers de son pays natal.

La tournée 2014 

  • 03/06 Divan du Monde – Release Party, Paris (75)
  • 06/06 Le Hangar, Ivry / Seine (94)
  • 08/06 Festival Terres de Blues, Marie Galante (97)
  • 13/06 FestivaLuna, Ruoms (07)
  • 14/06 Le Tamanoir, Gennevilliers (92)
  • 20/06 Fête de la Musique, Bruxelles (BE)
  • 21/06 Fête de la Musique, Lyon (69)
  • 28/06 Festival Muzikair, Montargis (45)
  • 29/06 Festival Horizon, Saint Avertin (37)
  • 05/07 Les Escapades, Saint Arnoux (04)
  • 16/07 Stimmen Festival, Lorach (Allemagne)
  • 17/07 Les Nuits du Ramadan, Agadir (Maroc)
  • 18/07 Les Nuits du Ramadan, El Jadida (Maroc)
  • 19/07 Les Nuits du Ramadan, Casablanca (Maroc)
  • 20/07 Les Nuits du Ramadan, Oujda (Maroc)
  • 23/07 Masala WeltBeat Festival, Hanovre (Allemagne)
  • 29/07 Festival Emmaüs Lescar-Pau, Lescar (64)
  • 31/07 Gap en FaMiSol, Gap (05)
  • 01/08 Reggae Sun Ska, Bordeaux (33)
  • 02/08 Festival d’Eté, Noirmoutier (85)
  • 08/08 Jardins du Monde, Apt (84)
  • 15/08 Festival AxoPlage, Monampteuil (02)
  • 16/08 Festimusic La Plume, Talairan (11)
  • 29/08 Binbal Stoch festival, Ornacieux (38)
  • 17/10 Olympia, Paris (75) 

Flavia Coelho : Les Coulisses Du 2e Album

Flavia Coelho : Les Invités Du 2e Album

« Mafia Douce » premier album de Pendentif

Pendentif

La pop française est en pleine effervescence, mais il lui manquait encore le sourire étincelant et communicatif de Pendentif. Incarnée par la voix mutine de Cindy, la formation aquitaine a fait fondre les cœurs avec son single printanier Embrasse Moi, porté par une mélodie dansante et ces paroles qui font mouche : « Entre les kiss et les claques, tu provoques l’avalanche ». Dans sa jeune carrière, entamée par un premier EP en 2011, Pendentif a déjà connu plusieurs vies, ce qui explique l’étourdissante maturité de son premier album, Mafia Douceun titre antinomique qui évoque, dans un autre genre, le classique Fantaisie militaire (1998) de Bashung. En choisissant le nom d’un bijou porté par les femmes, les cinq amis affichent la part féminine de leur pop francophone et rappellent ainsi un grand groupe bordelais : Gamine.

Cindy Callède (chant, tambourin), Benoit Lambin (chant, guitare), Mathieu Vincent (basse, chœurs), Ariel Tintar (claviers, guitare, chœurs) et Jonathan Lamarque (batterie, chœurs) forment un joyeux club des cinq, réunis autour d’influences communes et disparates – la fraîcheur insolente des films de Jacques Rozier, l’inventivité universelle de Polnareff, l’espièglerie exquise de Lio, la nonchalance incomparable de Pavement, l’électronique contemplative de Toro Y Moi. Pendentif veut redonner des couleurs à la pop hexagonale, qui en manque parfois à trop broyer du noir.

Pour concocter son album, Pendentif a trié dans son vaste répertoire et fait appel à l’ingénieur du son et mixeur Antoine Gaillet (M83, Julien Doré…). Après des premières sessions d’enregistrement « à l’ancienne » en janvier 2012, le groupe peaufine ses arrangements et trouve sa voix avec Cindy, parfois doublée avec celle de Benoit. Ne résistant pas, le cas échéant, à quelques clins d’œil en anglais dans le texte (le refrain d’Embrasse-moi, des passages de Ondine ou de Pendentif). Depuis sa côte Atlantique, Pendentif signe des chansons réversibles – il ou elle peut s’y reconnaître –, mélangeant immédiateté, élégance et raffinement. Jerricane, l’un des premiers titres qui l’a révélé au public, en portait déjà tous les germes : comme si Arcade Fire rencontrait Mikado. Ou comment marier idéalement ses influences anglo-saxonnes (Real Estate, Girls, Poolside, Foals, Tennis, The Weeknd, Frank Ocean) avec son héritage hexagonal. « À porter en français et à chantonner sans y penser », aiment-ils répéter à l’unisson.

Les douze chansons de Mafia Douce racontent ainsi des instants volés, des romances naissantes, des ballades futiles, des virées nocturnes. Autant de cartes postales qui siéent idéalement avec l’été indien, où il fait bon humer les derniers effluves. Avec un sens du groove rare pour un groupe français et un songwriting parfaitement ciselé, Pendentif offre un voyage transatlantique, à mi-chemin entre la légèreté pop et la musique dansante : « J’ai quitté mon pays pour gagner l’élégance », comme le chantent en chœur Benoît et Cindy dans God Save la France. À vous d’accrocher ce beau Pendentif dans votre discothèque dès le 24 septembre prochain. L’automne sera également la saison des concerts pour le groupe, bonifié par l’expérience des prestigieuses premières parties qui se sont enchaînées depuis deux ans (Indochine, Baxter Dury, Catherine Ringer, Fránçois & The Atlas Mountains, Melody’s Echo Chamber ou La Grande Sophie) et qui se produira à la Maroquinerie (Paris) le 14 novembre prochain.

Pendentif a déjà reçu les prix suivants :

  • sélection CQFD Inrocks 2010,
  • découverte du Printemps de Bourges 2011,
  • lauréat tremplin SFR Jeunes Talents Francofolies de La Rochelle 2011,
  • espoir 2012 Magic
  • lauréat sélection Fair 2013.

Pendentif – Embrasse moi (Third Mirror Remix)

Prochaines dates :

  • Aug 30 : Festival Oh Les ChoeursTulle, France Sep 19 : L’Autre Canal Nancy, France
  • Sep 28 : COCONUT MUSIC FESTIVALSaintes, France 
  • Oct 10 : Ubu Rennes, France 
  • Oct 17 : I.BOAT – Release Party (Le French Pop Festival) Bordeaux, France
  • Le site de Pendentif : www.pendentifmusic.com/

Angus Stone nouvel album « Broken Brights »

angus stone

« C’est un tout autre trip. » Voilà comme Angus Stone qualifie l’album Broken Brights, déjà disque d’or en Australie, et qui sortira en France le 06 novembre. Après sept années passées à tourner dans le monde entier avec sa sœur Julia, et plus d’un million de disques vendus, Angus Stone se lance désormais sur sa propre route et propose Broken Brights composé à l’écart du monde entre Alpes suisses, Inde et Australie, sur lequel on retrouve l’intensité et la mélancolie des albums d’Angus et Julia Stone, mais aussi des titres plus électriques comme le premier extrait Bird on the Buffalo.

« Je pense qu’il s’agit de mon travail le plus personnel à ce jour » dit Angus Stone à propos de Broken Brights. « C’est un endroit où j’ai tendance à me réfugier, une petite tanière où j’ai toujours voulu vivre, entouré de toutes mes chansons et de tous mes contes. Cet album contient l’essence de ce que je cherchais depuis longtemps. » Une recherche qui l’aura amené à parcourir le monde, enregistrant dans un abri rustique niché dans les Alpes Suisses, sous la lumière intense du ciel bleu (et souvent rose) du littoral australien, puis dans une cabane délabrée avec vue sur la luxuriante campagne indienne.

Angus Stone est tout en contraste : il peut s’isoler dans son petit monde onirique pour de longues périodes mais c’est également un être plein d’énergie, de charisme et de franchise. Des qualités qui lui ont été utiles pour gérer l’incroyable décollage de sa carrière : Angus, bien qu’il ait gardé son côté énigmatique, est en train de devenir le jeune artiste le plus célébré de la scène musicale actuelle. Cela va faire sept ans qu’il tourne dans le monde entier en tant que moitié du duo frère-sœur Angus & Julia, enchaînant les concerts à guichets fermés devant le public ensorcelé des salles les plus prestigieuses, notamment le Royal Festival Hall à Londres et Le Trianon à Paris. Ensemble, ils ont vendu près d’un million de disques à l’échelle planétaire depuis la sortie en 2005 de leur premier EP, Chocolates and Cigarettes. Angus Stone se lance désormais sur sa propre route.

« Je suis content de lâcher prise de tout ça », dit-il en parlant de Broken Brights, son premier album solo sous son propre nom. « J’ai hâte de donner aux gens qui nous ont écouté, Julia et moi, pendant toutes ces années l’opportunité de créer leurs propres univers et expériences avec nos compositions. Jouer live devant ces gens, moi tout seul, sera une expérience bien différente, avec des hauts et des bas sûrement mais j’ai vraiment hâte de voir comment ça va se passer. »

Broken Brights marque un vrai tournant pour Angus Stone, qui ne se résume pas seulement au fait de ne pas enregistrer avec Julia, sa complice musicale de toujours. Ce nouvel album est la preuve qu’il est plus que capable de jongler entre les styles sans compromettre son identité sonore. Le morceau qui donne son titre à l’album, ‘Broken Brights’, est certes du pur Angus — une célébration nostalgique et rêveuse de notre jeunesse — mais ‘Bird On the Buffalo’ est un morceau plus mordant, truffé de riffs de guitares saturées, que l’on retrouve également sur le très rock ‘It Was Blue’. Ce morceau baigné de cordes est vraiment la preuve que ses qualités de compositeur transcendent les préconceptions de certains sur son registre musical. En effet, dans l’optique de mettre à l’épreuve ses talents de musicien, live et studio, Angus a puisé son inspiration dans les sources les plus diverses et inattendues pour créer cet album. Il a ajouté toute une série d’instruments, de sons et de styles vocaux à son arc (allant de la guitare acoustique doucement caressée à la guitare électrique rugissante, de paroles tendrement susurrées aux mots qui claquent dans le micro), piochant dans des styles aussi divers que la country, le rock alternatif et la folk.

Prenez ‘Wooden Chair’ par exemple, une chanson d’amour terriblement entraînante et remplie de claps et de sifflements old school, ou encore ‘Monsters’, un morceau plein de surprises et d’insouciance sur lequel les accords au banjo s’enchaînent à un rythme effréné sur fond de solos de trompette noirs et majestueux, reflétant les sentiments d’espoir et de désespoir que nous éprouvons tous dans les moments les plus difficiles. Plus on s’aventure dans l’album, plus on comprend qu’il faut s’attendre à tout et surtout à l’inattendu de la part d’Angus Stone. Malgré la profonde transformation qui s’est opérée au cours de l’expérience cathartique que fut l’enregistrement de ce disque aux milles facettes, Angus précise : « pour l’écriture de ce disque, j’ai eu la même approche que celle que j’ai toujours essayé d’avoir : si une chanson te choisit, elle arrivera et se mettra en place en temps voulu… Tout ce que tu peux faire c’est être là, toujours prêt et consentant. Pour arriver à me détendre et laisser le dialogue de l’énergie se transformer en une création, c’est important pour moi de repérer le bon moment. Ou peut-être de ne pas le repérer… Ou alors de penser que je l’ai repéré…Parce qu’en fait on ne sait jamais vraiment. L’idée mijote, se met à bouillir petit à petit jusqu’à ce qu’elle menace de déborder. Et là il faut juste lâcher prise, ce qui est la plus belle des choses au monde. »

Chaque morceau de cet album est d’ailleurs lié à une histoire. Angus a écrit ‘Bird On the Buffalo’ dans une chambre d’hôtel, au cours d’une tournée en Europe, alors qu’il réfléchissait à la symbiose qui existe entre l’oiseau et le buffle. ‘Wooden Chair’ quant à elle s’inspire de la mélodie du morceau d’Angus & Julia du même nom, Angus trouvant qu’il serait intéressant de la revisiter et de la faire vivre d’une nouvelle manière. Cette métaphore étant celle qui illustre peut-être le mieux la démarche d’Angus sur cet album : il s’est appuyé sur les éléments qui rendent la musique d’Angus & Julia si touchante tout en proposant un nouveau point de vue sur l’univers qu’ils ont créé. En écoutant ses attendrissantes méditations sur la vie, l’amour et l’absence, dont les paroles se font l’écho, on est à la fois en terrain familier et dans un endroit complètement nouveau, ce qui ravira sûrement les fans de toujours mais aussi les nouveaux venus.

Pour résumer, ce sont des souvenirs et des songes tirés de son pèlerinage aux quatre coins du monde qu’Angus Stone a su coucher sur ce disque. La phrase qu’il choisit pour décrire le fait qu’il se lance en solo illustre parfaitement ce que l’on ressent à l’écoute de Broken Brights : « c’est un tout autre trip. »

Angus Stone – Bird On The Buffalo Official Video


Broken Brights sur Amazon

Oil revient avec un nouvel Black Notes chez Discograph

Oil revient avec Black Notes ! Après avoir été une des têtes chercheuses des Troublemakers, entité pionnière de la house made in France, qui débuta à la fin du siècle dernier une oeuvre pionnière autour d’un sampler et d’une pile de disques, Oil poursuit ses aventures et cherche les racines profondes du groove pour élaborer un son tout à la fois dense et minimal, moite et sec entre électronique pointue, breakbeats irrésistibles, et racines soul/jazz. Oil embarque dans son voyage une foule d’invités dont Gift Of Gab de Blackalicious, Reggie Gibson, Magic Malik, Sam Karpienia, PO Box.

« C’est mon premier disque. Je n’ai rien fait avant. C’est un vrai départ. » Avant de parler de « Black Notes », impossible de faire l’économie d’un rapide retour en arrière. DJ Oil ne cherche pas à travestir la vérité : à quarante ans, il n’a plus le temps de jouer de faux-semblants. Pas question de (se) mentir pour celui qui fut l’une des têtes chercheuses des Troublemakers, entité pionnière de la house made in France. Une aventure débutée à la fin du siècle dernier, autour d’un sampler et d’une pile de disques lors d’ateliers à la Friche de la Belle de Mai, lieu qui abritait alors les alternatives créatives de Marseille. Jolis succès critique et public sur Guidance, label phare de Chicago, puis deuxième disque annoncé sur Blue Note au mitan des années 2.0. Et là, patatras ! Un contrat mal ficelé, et l’affaire tourne à l’aigre galère. « Les années 2000 ont été très dures. Les Troublemakers m’ont fait perdre dix ans de ma vie. »

À partir de 2005, DJ Oil va donc œuvrer en solitaire, depuis Marseille, sa ville où il a grandi à l’ombre d’un père fan de r’n’b vieille école (« Sam & Dave, James, Otis Redding… » ), collectionneur de disques et non DJ comme le prétend la légende. « Il poussait juste des disques pour les amis le dimanche après-midi. » Le fiston, Lionel Corsini pour l’état-civil, a donc de qui tenir. DJ depuis l’âge de 15 ans, Oil a pratiqué les raves sauvages ou officielles, s’est fait la main avec un show hebdo sur Radio Grenouille, a multiplié les projets où ses platines ont croisé les musiciens : Stefano Di Battista, Julien Lourau, Vincent Ségal, Sébastien Martel, Sandra N’Kake, Magic Malik, Jules Bikoko… Et pourtant. « Etre à Marseille, ça ne m’a jamais aidé. La scène y est très exiguë. Ça créé de l’éloignement, et puis il y a un manque de crédibilité par rapport à Paris. On n’est toujours pas pris au sérieux. » Tant pis, depuis six ans, Oil pousse le pitch plus loin, publie des maxis sur des labels à l’étranger, part en virée en Afrique et en Amérique centrale : ce sera le projet itinérant Ashes To Machines avec Jeff Sharel, trente-neuf pays traversés et des centaines de musiciens croisés entre 2006 et 2009. À la clef : des kilomètres de sons et des tonnes de bonnes vibrations. Un sillon profond où il va planter l’aiguille de sa future création. Ce premier disque donc, un singulier recueil constitué des multiples tours et détours, bons et mauvais, qui ont précédé.

« Black Notes ». Un carnet de notes, noirci d’histoires, histoire de ne rien oublier, le meilleur moyen pour repartir du juste pied (au compteur, jamais plus de 120 !). « Enfin, mes idées sont claires. » Pas de doute, le titre en dit déjà long sur cette bande-son autobiographique entre les lignes, plans-séquences peuplés de ruptures narratives et d’irruptions rythmiques, un scénario hanté de voix majuscules. Comme la bande originale d’un film noir de noir, l’envie d’en revenir aux racines du groove pour élaborer un son tout à la fois dense et minimal, moite et sec. Sous le vernis d’une house spirituelle, « ça respire pas franchement la gaieté ! Il y a une évocation assez claire de la souffrance des Blacks, mais le message politique n’est jamais au premier plan, ni au premier degré. » « Black Notes », les noires du clavier, les plus graves. La Great Black Music, aussi, surtout : blues, jazz, funk, soul, house, et puis toute l’expérience africaine, qui apprend à « composer avec le terrain, la rude réalité tout autre que Protools ». Tout en un sampler, passé au filtre de bons vieux amplis. Tout son « background musical » au service de ce son, de ses chansons, de ces boucles qui se répètent et pénètrent en pleine tête.

Trois ans à tout enregistrer, tout seul, tout monté, démonté, remonté dans son studio. « J’ai passé rien qu’un an sur le mix, l’architecture des morceaux. C’était un aspect essentiel du travail : je voulais un son analogique pour me démarquer des productions actuelles. Laurent Garnier et Gilles Peterson m’ont félicité ! » Aux manettes, Oil invente ainsi de nouvelles manières de créer un groove à l’ancienne, un grain rétro-futuriste : les samples s’effacent, mais la technique du montage « virtuel » demeure essentielle. Au final, cet assemblage de sons live, lui aux claviers et quelques invités captés au fil du temps dans des endroits insolites (là un entrepôt en Afrique, un autre dans ses toilettes…), et de samples, « jamais plus de quatre mesures », est construit comme un DJ Set, cinématique et climatique. Telle sera la formule, plus « electro up tempo », sur scène avec les Tontons Macroutes Jeff Sharel aux baguettes et Jean-Phi Dary aux claviers. Tous trois connectés les uns aux autres, pour une interconnexion de tous les instants, où les images, véritable quatrième élément du dispositif, seront déclenchées par la musique. « J’ai toujours rêvé de faire des sets avec uniquement mes morceaux originaux. »

Les thèmes, justement, parlons-en. « Black Notes », pour commencer. Plus qu’une introduction, une déclaration d’intention : un thème des plus sombre, un beat des plus sobre, un retour aux racines du groove pour mieux se tourner vers l’avant. Avec au micro, Gift Of Gab de Blackalicious, qui tombe les mots. Passé « Your Heart », superbe instru soulful, on retrouve le rappeur sur « Rock It » qui pose son flow plus rentre-dedans, en écho au dialogue surréaliste entre un producteur et un artiste extrait d’une tragi-comédie de Mel Brooks, « autour des questions d’étique et de fric » . « C’est une réflexion sur le nouveau buisness de la musique : un bon réseau plutôt que de la bonne musique ». Tout l’inverse de « It’s Teenage Thang », l’histoire d’un vrai gars branché musique, scandé par Reggie Gibson, slammeur de Chicago. Une voix qui tourne en boucle, une flûte qui plane haut, au-dessus ! C’est encore Malik le magicien qui irradie le climat plus feutré, entre forêt et désert, de « Give Me Your Love » : boosté par des cordes perlées et des cuivres tamisés, sa prophétique flûte s’envole à la manière des muezzins soufis sur le tapis rythmique tressé autour d’une basse totémique et des boucles entremêlées de percussions.

Sur « Mind Your Step », seul le tambour tonne l’appel des esprits… et Sam Karpienia convoque en occitan l’âme des ancêtres. « Au départ, l’idée était d’établir un constat pour avancer. Il s’agit d’une réflexion sur le futur, en musique et dans la vie, sans oublier les galères. Ni les amis, qui sont tous cités. » Comme un appel à la prise de conscience, des chœurs comme des complaintes irréelles, comme une transe qui monte peu à peu à la tête, happe body and soul. Retour à la terre africaine avec « PO Box », les éclats d’âme d’un slammeur de Joburg qui dresse un constat sur l’amère réalité australe. « Il s’agit d’une réflexion sur le milieu de la musique en Afrique du Sud, où là aussi les choses ne s’arrangent pas. Le contexte pousse les musiciens créatifs à fuir ! » Ce que souligne ce poème, une voix qui slalome entre les maux et un funky drummer rehaussé de touches électro, qui se termine par « Welcome ».

Welcome, donc. Comme une ouverture vers un ailleurs, qui s’enchaîne par « Buddy », un instrumental « abstract afro jazz modal » sur un tempo house sweet house. Comme une respiration, qui annonce un changement de registre : toujours plus soul, Malik chante ainsi une ode intitulée « Charlie », le prénom de la petite de DJ Oil, tandis qu’« Ingrid Tapes » célèbre sa douce, sa femme, en une sensuelle montée, avec une voix susurrée et une flûte effleurée (Malik, toujours lui), qui peu à peu glisse vers la house spirituelle : plus de six minutes de glissement suggestifs, rythmique à la coule, vers la piste de danse… « La musique nous évite d’être seul. Travailler la musique en impro, c’est s’offrir des moments de lumière. Un seul moment peut suffire pour toucher à une énergie intemporelle. » Oil résume ainsi le propos du libre-penseur saxophoniste dont la voix habite « Alix In Ornette Land », dédié à son autre fille dont on entend un éclat de rire en guise d’intro de ce morceau au beat plus allusif, un tempo élastique qui s’étire et colle à la peau. Et pour finir, en outro, une interview d’Ornette Coleman réalisée en 1992 par Lionel Corsini encore étudiant. Le sens de la vie, de la musique ? Rendre meilleurs et plus libres les esprits, guérir les souffrances et les peines… Comme une lumière, comme une boucle ouverte, qui raisonne du plus bel écho un siècle plus tard, sur le futur d’un artiste, qui signe avec « Black Notes » le premier album d’un grand producteur.

Dj Oil – « Black Notes (feat.Gift Of Gab) » [Official Video]

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Le nouvel album de Julia Stone s’intitule By The Horns

Le nouvel album de Julia Stone s’intitule By The Horns. Le premier single extrait est une nouvelle version de la ballade Let’s Forget en duo avec Benjamin Biolay. Leurs deux voix se marient en un duo émouvant, fruit d’une rencontre inoubliable en studio. Pour le reste, By The Horns a été composé entre la Californie, la France, l’Inde, et l’Australie, puis les chansons ont atterri à New York entre les mains du réalisateur Thomas Bartlett connu entre autre pour son travail aux côtés d’Antony & the Johnsons, et The National. Très attendu, le nouvel album de Julia Stone sortira le 30 mai prochain.

Depuis son adolescence, la musique et l’inspiration de Julia Stone l’ont amenée à charmer des centaines de milliers de spectateurs à travers le monde et à recevoir les plus prestigieux hommages et distinctions. Dans ce second recueil en solo, la voix de Julia oscille entre espoir et lassitude, ombre et lumière mais reste toujours passionnément vivante.

« By The Horns », décrit le pouvoir masculin perfide, entre avances et tromperies. En chanteuse déterminée, menant ses musiciens de cabaret malfamé, elle chante : «  J’ai appris ma leçon, je n’en veux à personne », « sauf à toi », lance-t-elle à répétition, avant de poursuivre d’un «je crois en l’amour » au milieu de sa description détaillée des errements d’un mauvais amant.

Julia avise avec gentillesse: « Nous sommes tous désemparés lorsqu’il est question d’aimer quelqu’un… La beauté est que nous recherchons toujours à retrouver cette sensation. Nos cœurs sont faits pour être accueillants et se remplir d’amour. Même blessée, je sais que je serai toujours en quête d’amour ».

Composées en Californie, mûries en France et sculptées en Australie et en Inde, les chansons ont atterri à New York, un début d’automne, entre les mains du réalisateur Thomas Bartlett (Doveman, Antony & the Johnsons, The National) qui sortait de la production de l’album de Glen Hansard. Bartlett sut faire naître, avec le talent qu’on lui connait, les ambiances et les respirations, révélant également le talent caché des musiciens invités sur « By The Horns ».

Les sessions ont été réalisées avec l’aide de Patrick Dilett. Ce véritable esthète du studio a officié pour le compte de chanteuses aux voix puissantes comme Mary J Blige ou Mariah Carey, ou aux côtés de David Byrne, Arto Lindsay et de Julia elle-même sur la production (mixage) de son premier album solo «  The Memory Machine ».

La basse d’Oren Bloedow (Elysian Fields, Lounge Lizards) soutient Julia qui se languit malicieusement sur « Let’s Forget ». Rob Moose (Bon Iver, My Brightest Diamond, Antony & the Johnsons) tapisse les fondations de violons alto et de violons, répondant aux scintillants claviers de Bartlett et aux encouragements de Julia, intimant de dépasser sa timidité sur « With the Light ».

Brett Devendorf (The National) à la batterie, dirige les remous des pulsations sans fond, en écho aux supplications fragiles, « I’m here, I’m not here », avant de trouver le courage de repousser un amant en recherche d’intimité, « Justine ». Sur la reprise de The National, « Bloodbuzz Ohio »,  l’interprétation particulière de Julia fait ressortir cette douce fragilité.

En proie au mal être et au désir, « It’s All Okay » complète remarquablement le paysage, une ritournelle de piano accompagnant le plaidoyer poétique. La conclusion « The Line That Ties Me » est une berceuse déchirante, sombre et animée à la fois.

« By the Horns » marque cette transition, révélant Julia Stone comme une artiste et une voix singulières, la naissance et l’envol d’une personnalité forte aux sensations subtilement acérées,  émancipée du poids des succès du passé.

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Melissmell, Bleu Marine le clip officiel


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Melissmell, après un premier album engagé qui lui a valu une large reconnaissance du public et le prix Georges Moustaki, nous revient dans cette période électorale avec l’EP Bleu Marine, pour mettre le doigt là où la France a mal, pour que l’on ne s’habitue pas aux montées des extrêmes, pour que les idées ne se teintent pas de Bleu Marine, pour que la peur de l’autre ne devienne pas un argument.

Mory Kanté, nouvel album « La Guinéenne » chez Discograph

Mory Kanté revient le 30 avril avec son nouvel album La Guinéenne. Mory Kanté est une légende. Ce musicien traditionnel d’Afrique de l’ouest, s’est d’abord fait connaître dans les années 70 avec le Rail Band de Bamako, avant de dominer les tops internationaux avec en particulier le titre Yéké Yéké dans les années 90. La Guinéenne marque le retour de Mory Kanté à la formule musicale emblématique du grand ensemble, ou big band. Son nouvel album, enregistré sous la houlette du producteur Philippe Avril, est son 11ème. Il a pour thèmes récurrentsl’optimisme et l’inspiration. La chanson « La Guinéenne » un hommage retentissant aux femmes de ce monde, trop souvent opprimées et négligées. La Guinéenne est aussi un tour de force musical pour ce pionnier dont le travail a permis de façonner la voix de l’Afrique de l’ère post-coloniale, et qui est ainsi devenu l’un des interprètes les plus influents et les plus attachants de la musique africaine contemporaine.

Mory Kanté est une légende. Ce musicien traditionnel d’Afrique de l’ouest, s’est d’abord fait connaître dans les années 70 sur la scène locale, avant de dominer les tops internationaux dans les années 80 (résidant à Paris, sa ville d’adoption) et de bénéficier de l’engouement que suscita la musique africaine dans le monde au cours des années 90. Dix années plus tard, il retourne dans sa Guinée d’origine pour devenir un des moteurs du développement économique et une source d’inspiration pour une nouvelle génération d’africains.

Le nouvel album de Mory Kante, son 11ème, intitulé « La guinéenne », a pour thèmes récurrentsl’optimisme et l’inspiration. La chanson du même nom, est aussi bien un témoignage d’amour à l’Afrique et à la Guinée qu’un trésor de conseils avisés sur la confiance, l’abnégation au travail, la gratitude et l’importance de préserver les traditions face à la modernité.

La sagesse de Mory Kante est le fruit de ses nombreux voyages et de son implication auprès des populations, à l’image de son soutien aux initiatives de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (comme la campagne récente pour le milliard d’affamés chroniques), ou à celles de l’UNESCO et d’autres programmes d’aide aux réfugiés, pour sauver les forêts en danger et tenter de mettre fin à la pratique de l’excision.

Le titre « La guinéenne » représente une première dans l’important catalogue de Mory Kante. C’est un hommage retentissant aux femmes de ce monde, trop souvent opprimées et négligées malgré tous leurs sacrifices, leur dévouement et le rôle central qu’elles jouent dans le développement des populations. « La guinéenne » est aussi un tour de force musical pour ce pionnier dont le travail a permis de façonner la voix de l’Afrique de l’ère post-coloniale, et qui est ainsi devenu l’un des interprètes les plus influents et les plus attachants de la musique africaine contemporaine.

Mory Kanté est né en 1950 dans le village d’Albadariya dans la région du Kissidougou en Guinée. « Pour réellement me connaître » nous dit-il, « il faut véritablement apprécier le caractère authentique de mon histoire. Je suis griot, fils de griot, provenant de la famille Mande ». Mory Kanté nous raconte l’héritage de son statut de griot, ou djeli, véritable historien musical dont les connexions familiales remontent aux premiers jours de l’Empire Mandingue, qui imposera sa domination politique et culturelle en Afrique de l’Ouest dès le début du XIIIe siècle. « Djeli c’est le sang », nous dit Mory « l’essence de l’homme ». Mory Kanté est djeli des deux côtés de sa famille, son père (El Hadj Djelifode) était un Kanté, sa mère (Fatouma) une Kamisoko, tous deux issus de clans griots reconnus et originaires du Mali. Mory Kanté se souvient : « J’ai grandi entre ces deux familles et j’ai grandement bénéficié de la tradition orale pour mon expérience musicale. Je suis allé ensuite dans une école blanche puis dans une école coranique. J’ai donc eu trois types d’éducation en grandissant : griot, coranique et blanche ».

Suite à l’indépendance de la Guinée en 1958, le père de Mory Kanté écrivit des chansons pour célébrer la naissance de la nouvelle nation, il sera d’ailleurs décoré en retour. Durant son enfance, Mory Kanté apprit le balafon puis la guitare et réalisa alors qu’il devait utiliser son talent dans la continuité des enseignements ancestraux, au-delà de l’accomplissement musical, afin de promouvoir la nation. Malgré son talent précoce, Mory garda les pieds sur terre – après tout, il n’était que le dernier de 38 enfants ! Poursuivant ses études à Bamako au Mali dès l’âge de 15 ans, il se retrouva bientôt dans The Apollos, groupe local mélangeant divers instruments traditionnels comme le balafon et le Ngoni (famille des luths) avec des instruments occidentaux. « Qu’est ce que la musique africaine ?» nous demande Mory en repensant à cette époque. « C’est de mettre des instruments traditionnels et modernes ensemble. C’est l’identité de la musique africaine. Avec le jazz, les musiques afro-cubaines, et celles des Caraïbes, du Moyen-Orient et du Maghreb. Notre identité repose sur cette association, avec le jazz et la pop tout particulièrement. »

Peu de temps après, Mory débuta sa remarquable épopée dans le Rail Band de Bamako, qui innovait dans l’association de la tradition africaine et du style occidental. Depuis son intégration en 1971, Mory partagea la scène avec Salif Keita ou le guitariste virtuose Djelimady Tounkara. Au fil des années il apparut en tant que joueur de balafon, guitariste, batteur et chanteur… « J’ai tout joué mis à part les cuivres. J’étais un musicien polyvalent ». Au cours de ces années il apprit également à jouer de la harpe mandingue à 21 cordes et de la kora sous la direction du maître griot Batrou Sekou Diabaté à Bamako. Il révéla son talent naturel pour cet instrument, qu’il joue sur une pièce vieille de 80 ans donnée par Batrou Sekou.  Mory deviendra par ailleurs le premier d’une longue série de musiciens africains à brancher la kora pour l’utiliser sous forme électrique dans un groupe contemporain. Bien que décriée au départ, cette innovation permit de donner une visibilité internationale à l’instrument, mais également à son interprète, puisque Mory Kanté sera nommé pour une série de récompenses honorant sa contribution à la musique africaine. Il fut également l’un des premiers artistes à remporter un Kora (prix distinguant les meilleurs artistes d’Afrique de l’Ouest), à ajouter à la liste de prix français, dont les Maracas d’Or et les Victoires de la Musique qu’il remporta à trois reprises.

Mory arrêta l’aventure du Rail Band à la fin des années 70 pour se consacrer à une carrière solo, qu’il entama à Abidjan en Côte d’Ivoire. Il commença avec une base traditionnelle dans laquelle il incorpora la musique dance populaire du moment. Au moment de sa venue à Paris, au début des années 80, il définit la base d’un nouveau son visionnaire. Le tournant majeur de sa carrière vint avec le morceau « Yeke Yeke », cette adaptation d’une danse festive traditionnelle de son village, au rythme appuyé, qui bénéficiera désormais grâce à lui d’une production dance pop soignée, d’une section cuivre pleinement déployée, des accords d’une Kora électrique, le tout rehaussé de la voix perçante et puissante de Mory.

Des albums comme « A Paris » et « 10 Kola Nuts » terminèrent d’asseoir la réputation de Mory comme un défricheur de la musique africaine, mais ce fut  « Akwaba Beach » en 1987 qui fit le plus grand effet. Sa version rapide et électronique de « Yeke Yeke » domina les classements européens, notamment le Billboard américain, devenant la carte de visite de Mory partout dans le monde. 24 ans plus tard, au festival Mawazine de Rabat au Maroc, en 2011, une foule de 40 000 fans d’Afrique du Nord reprenait en chœur le morceau dans une transe indescriptible. Entre-temps, Mory avait déjà sorti 5 albums pendant sa période parisienne, et notamment l’hommage à ses racines acoustiques et traditionnelles, l’album « Sabou » en 2004.

« La guinéenne » marque le retour de Mory Kante à la formule musicale emblématique du grand ensemble, ou big band. C’est également le retour de Mory en Guinée, où il a monté Nongo Village, un centre culturel avec des studios d’enregistrement, un hôtel, des restaurants, des boîtes de nuit, des salles de concert, insufflant un nouvel élan créatif dans la banlieue de Conakry qui porte son nom, Morykantea. Mory Kante enregistra les titres originaux du nouvel album « La guinéenne » à un moment charnière pour la Guinée, qui sort d’une période préoccupante de remous politiques. Le retour de Mory Kante, avec son statut d’entrepreneur, représente un témoignage de confiance envers son pays d’origine, inspiration principale de son nouvel opus. Mory Kante apporta les morceaux au producteur Philippe Avril, avec lequel il collabore étroitement, s’adjoignant l’aide d’une section de cuivre à 5 pièces venant du nord de la Norvège (aussi présente sur la tournée récente de Mory en Arctique) pour compléter l’album. Le résultat est un véritable mélange culturel aux racines du folklore authentique ouest-africain, qui étincelle grâce à la précision et au soin apportés par une production de haute volée.

Les 10 morceaux de l’album proposent quelque chose en plus : conseils avertis et groove destinés à fédérer les esprits. Fort de ses 27 musiciens, le morceau « Yarabini » (ma famille) ouvre en grande pompe ce témoignage respectueux et paternel à la jeunesse guinéenne, soutenu par la mélodie et l’énergie des cuivres. « Tedekou », porté par le balafon, parle également de la jeunesse et célèbre les danses qui accompagnent les parades de séduction et les mariages en soulignant l’importance des vieilles traditions. Sur le chaleureux « Sikaa » aux airs latins, Mory Kante conseille à chacun de sonder les doutes que l’on peut ressentir  à l’occasion d’un mariage ou d’un contrat d’affaires, afin d’éliminer tous ses questionnements personnels avant de s’engager. « Tu ne peux pas choisir ton frère » chante Mory Kante, « mais tu peux choisir ton épouse ou ton associé ». « Sarantan » montre une facette musicale emblématique de la Guinée, un mélange de flûte Fulani (ou flûte peul) et de balafon mandingue, qui procure un état de bonheur absolu. Ce groove joyeux nous met cependant en garde contre les personnes malhonnêtes et peu dignes de confiance qui se retrouvent dans nos sociétés à travers les époques. « Nodiche » met en garde de la même façon contre les hommes qui abusent des femmes

Les femmes sont au centre des chansons. Le titre « La guinéenne » est une célébration majestueuse de ces « mères de l’humanité ».  Mory Kanté chante un hommage aux femmes de ce monde qui nous ont « nourris, éduqués, servis, soignés et instruits ». Mory exprime sa reconnaissance de manière éloquente, avec beaucoup de conviction, et à point nommé, alors que le sujet de la situation préoccupante des femmes, longtemps relégué au second plan, devient une composante principale du discours politique en Afrique.

Mory exprime également sa reconnaissance au Mali, où il a débuté sa carrière et tant appris dans sa jeunesse. « Malibala », reggae chaloupé et pentatonique classique des Bambara du Mali, est un témoignage de toute sa gratitude pour les maliens, des présidents aux citoyens, hommes et femmes, en passant par les musiciens. Il y chante « Je penserai à vous jusqu’à ma mort ». Le séjour du jeune Mory Kante au Mali lui donna l’opportunité de changer sa vie. Porté par les volutes funk du titre « Bedoke », Mory encourage les jeunes africains à chercher de telles opportunités dans leurs propres vies. « On a tous une chance d’arriver à construire une carrière. Il faut jute y être préparé », dit-il, soulignant l’importance de l’éducation, de l’humilité, du travail et d’une communication efficace comme moyens de s’y préparer. « La Guinéenne » se termine sur la chanson «Oh Oh Oh », inspirée d’une chanson traditionnelle guinéenne, portant malgré tout le message universel qui est à la base de l’engagement artistique de Mory Kante, message mis en valeur par des paroles en français et en espagnol, et par une production et une rythmique enlevées. La musique africaine moderne et la vie doivent commencer avec la tradition pour ensuite se retrouver dans le monde entier. C’est un message que cet artiste singulier met en application tous les jours de son extraordinaire destin.

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Giovanni Mirabassi : Adelante

C’était en 2000 au Saint Jean, un café du côté de la place des Abbesses. C’est là que Giovanni Mirabassi donnait rendez-vous, à l’ombre d’un Sacré Cœur, ce pâle monument qui célèbre la victoire rouge sang des forces de la réaction sur la Commune de Paris. A l’époque, il se définissait comme « libertaire », alors que sortait tout juste « Avanti ! », un disque où il parcourait des hymnes de la liberté et des chants partisans, « Le Temps des cerises » et « Imagine ». Emblématique, « El Pueblo Unido Jamas Sera Vencido » servait d’introduction à ce recueil en solitaire, celui d’un artiste « seul devant ses responsabilités artistiques et ses limites ». Cet album n’allait pas tarder à révéler aux oreilles du plus grand nombre ce pianiste natif de Pérouse, dans une famille de la démocratie chrétienne – c’est-à-dire la droite catholique – où on l’avait promis à un bel avenir, avocat. « Mais il y avait un piano à la maison, et dès mes deux ans, je m’y suis mis. Ce n’est qu’à seize ans que j’ai pris mes cinq premières leçons… et à vingt-deux mes cinq dernières. » Brisant les interdits, les trois fils sont musiciens : Gabriele l’aîné est clarinettiste et Giacommo le petit dernier joue de l’orgue. Quant à Giovanni Mirabassi, biberonné de Monk et de Chopin, sevré d’Enrico Pieranunzi et de Keith Jarrett, il est parti en février 1992 pour Paris, sur un coup de foudre. Il avait 21 ans et des rêves plein la tête. La réalité fut autrement plus rude pour cet autodidacte, qui aura dû patienter dans les coulisses de la gloire : il doit multiplier les petits boulots, tout en accompagnant les chanteurs, « à texte », sans jamais rompre le lien avec le jazz.

Après des premiers pas en duo baptisé « En bonne et due forme », il pose en 1998 les jalons d’une carrière en devenir sur « Architectures », avec Louis Moutin et Daniele Mencarelli. On y découvre déjà un pianiste décalé des ornières du milieu, une approche singulière en des temps où les copies conformes sont la norme. Le même qui après « Avanti ! » va s’illustrer dans des formats plutôt réduits, un toucher onirique, un rien de romanesque entre les lignes finement couturées, qui rappelle son goût pour la mélodie. « Che Guevara disait que pour faire la révolution, il faut une dose d’amour. Il ne s’agit pas d’un geste politique, mais esthétique. Bien sûr, le contenu étant ce qu’il est, ça ne pouvait que déborder. » Récompensé par les académies, suivi par un public de fidèles, il impose dès lors son style dans le paysage du jazz hexagonal, puis se distingue sur les scènes internationales, comme en témoigne un récent « Live At The Blue Note, Tokyo », troisième volet de ses remarquables aventures avec le batteur Leon Parker et le contrebassiste Gianluca Renzi. Il s’illustrera avec un autre trio (((AIR))), en bonne compagnie : le tromboniste Glenn Ferris et le trompettiste Flavio Boltro.

En 2011, retour vers le futur. C’est encore au Saint-Jean qu’on le retrouve tel qu’en lui-même, à l’heure où il publie la suite d’ « Avanti ! » qu’il a intitulée non sans une douce pointe d’ironie « Adelante ». « J’ai choisi ce titre pour faire un pied de nez aux Japonais sans scrupules qui ont acheté le catalogue où figure « Avanti ! », sur lequel je n’ai plus aucun droit. J’ai été dépossédé de mon œuvre au nom de la liberté d’entreprendre. » Onze ans plus tard, l’Italien au regard de braise demeure plus que jamais engagé, parce qu’il ne s’est jamais senti dégagé de la chose politique, « une matière noble qui consiste à créer les conditions du vivre ensemble ». Aujourd’hui plus qu’hier, il regrette que trop de ses confrères s’éloignent du droit de regard que doit avoir un artiste sur la vie de la cité. Giovani Mirabassi est fier de débattre, de combattre pour des idées. « L’artiste doit retrouver sa place, un rôle dialectique de contre-pouvoir qui permet d’élever les consciences. » Fidèle à ces principes fondateurs, il est donc parti enregistré chez Fidel, dans les studios Abdala de Cuba. Le Premier mai à Cuba, le symbole fait sens. « Cet album est dédié à la révolution. Parce qu’on nous fait croire que cette idée est enterrée, alors qu’elle n’a jamais été autant d’actualité. » Plutôt à gauche toute pour ce pianiste pas franchement maladroit, pas non plus dupe sur Castro, mais encore moins sur les conséquences liées à l’embargo qui « plombe toute possibilité d’ouverture démocratique depuis des lustres ».

« En avant », donc, pour paraphraser le titre de ce nouvel album essentiellement en solo, un format où excelle cet esthète du « canto piano ». Il convie juste un trio formé dans les rangs d’Irakere sur « Yo Me Quedo » de l’icône Pablo Milanès, et la chanteuse Angela Elvira Perez, mère de son actuel batteur Lukmil, pour une version plus éclatée de « Hasta Siempre », l’hymne de tout un peuple qui était déjà présent en 2000. « J’ai fait ce disque dans un esprit sans doute moins pacifiste, plus militant, qu’« Avanti ». L’approche reste la même, mais la nécessité se fait plus urgente. Il faut prendre parti. » Giovani Mirabassi s’engage corps et âme sur les 88 touches en ivoire et ébène, une belle gamme dans les chromatismes et une ferveur rythmique, qui soulignent l’éclat mélodique d’un répertoire plus centré sur les chansons en espagnol. « Mon propos était de reprendre les mélodies comme elles sont, de me fier à leur sentiment d’urgence, de confiance et de liberté intrinsèque. » De telles qualités s’appliquent à celles qui ont habité le continent sud-américain comme « Gracias A La Vida » de Mercedes Sosa, mais aussi à ces refrains qui saluent le souvenir tenace de la guerre d’Espagne.

L’Italien devenu Parisien n’en oublie pas de convoquer quelques airs de la douce France, « Le chant des canuts », « un slogan qui redonne toute sa force au concept de lutte ouvrière » et quelques versions françaises, dépouillées de leurs mots : « Graine d’ananar », « L’Affiche rouge », Léo Ferré et Aragon, deux signatures qui ne sont pas résignées. Pas question pour autant pour le pianiste de se la jouer « marketing à la Renaud », pas envie non plus d’étaler son CV d’homme engagé sur le terrain de la réalité, dans la société civile. « J’applique les propositions d’alternative économique à mon travail, en essayant de faire du show-business responsable dans un soucis d’autonomie artistique et de partage équitable. Après tout, on commence toujours par soi-même. Mais je ne vais pas commencer à m’habiller en Che Guevara. Je veux que la musique parle d’elle-même. C’est comme ça que tu vises au cœur, sans faire de la politique à la petite semaine. Défendre une idée, ce n’est pas défendre une chapelle. » Et dieu sait que tous ces chansons en disent long. « La musique contestatrice est toujours très évocatrice. Elle affirme un cri de liberté qui fédère tous ceux qui l’écoutent. L’intention de ce disque, c’est remettre au centre des enjeux ce pour quoi personnellement je milite et œuvre. C’est aussi honorer ceux qui sont allés au charbon pour bâtir un monde meilleur, qu’on essaie aujourd’hui de réduire à néant. »

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« Adelante »
Sortie le 27 Octobre 2011
Label : Discograph
Salle Pleyel le 16 Nov 2011

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PIGEON JOHN : DRAGON SLAYER

PIGEON JOHN

DRAGON SLAYER

  • Elektriks Collection / Discograph, sortie le 7 mars 2011

Et si vous teniez le premier buzz de 2011 ? Pur produit de l’Amérique post-raciale d’Obama et surtout du Good Life Café (haut lieu historique du hip-hop underground de la côte Ouest), Pigeon John a tout pigé : mélodies classes, flow pas fadasse, beats qui tabassent et rimes croulant sous la caillasse. Déjà repéré par les aficionados de son label Quannum et de Dj Shadow, Pigeon John rallume la flamme dans l’œil des vieux nostalgiques avec son hip hop à la cool. Il propose aujourd’hui son album le plus abouti, pour lequel il a été épaulé à la production par Hervé Salters, aka General Elektriks. Pour la première fois, Pigeon John a utilisé de vrais instruments, qu’il a lui-même enregistrés et mixés, plutôt que d’utiliser uniquement des samples ou une MPC.

Avec l’aide d’Hervé Salters, aka General Elektriks, Pigeon John a produit Dragon Slayer dans son intégralité, en ayant eu recours pour la première fois à de vrais instruments, qu’il a lui-même enregistrés et mixés, plutôt que d’utiliser uniquement des samples ou une MPC. « Le processus est tout nouveau pour moi », dit Pigeon John. « Pour faire une analogie avec le monde du livre, c’est être autre chose que simplement l’écrivain, c’est être l’éditeur. Travailler avec Hervé Salters, ça m’a fait voir ma musique d’un nouvel œil. Le processus en lui-même est fascinant, j’ai adoré. »

Les dragons auxquels Pigeon John s’attaque ne sont pas seulement ceux du malaise post-adolescent ; ce sont tous les petits obstacles, toutes les petites histoires qui construisent une personne. Comme l’explore PJ au son des harmonies imparables de « Buttersoft Seats« , c’est le moment où l’on s’aperçoit soudain qu’acheter des nouvelles baskets à son neveu compte plus que d’être le propriétaire de la plus belle bagnole du quartier. C’est aussi la possibilité, lorsqu’on est dans le bon état d’esprit, de se sentir comme « un jeune Sean Connery à Cabo » le temps d’un café dans le jardin ; pour cela, il faut aussi que ce soit « So Gangster » qui sorte des enceintes. Sur « Before We’re Gone« , un morceau qui s’appuie sur une combinaison guitare acoustique/claviers planants, PJ aborde le fait d’être sur la route et de penser à cette fille si spéciale qui vous manque tant. Ce MC, qui ne se prend pas trop au sérieux, y saisit des petits moments précieux, comme par exemple la manière avec laquelle elle se met du baume sur les lèvres, tout en s’attaquant à des problèmes plus graves, du genre « Suicide Girls at the Door. »  Avec « The Bomb » en ouverture et « Ben Vereen » en conclusion — deux chansons triomphantes traitant respectivement des luttes en général et des luttes liées à la gente féminine — Dragon Slayer se situe, d’un bout à l’autre, au centre d’un diagramme de Venn représentant les vies de Pigeon John et de ses fans.

En cultivant ses talents au mythique Good Life Café au début des années 90, aux côtés d’artistes tels que Kurupt, Freestyle Fellowship et Jurassic 5, Pigeon John a su dépasser les sifflets entendus lors de son premier passage sur scène, avec, depuis, plusieurs tournées mondiales à son actif. Il ne compte plus le nombre de fois où il a traversé les Etats-Unis d’un bout à l’autre, et a acquis une réputation de poids lourd en Australie et au Canada. L’homme sait s’amuser et a le sens de la fête ; il l’a prouvé au fil des années, en donnant les meilleurs shows hip-hop qu’il soit possible de voir. En vedette dans la colonne « Mic Check » de The Source, dans le « Next Big Things » de Spin et le « Next 100 » d’URB, Pigeon John a également pu entendre ses morceaux dans des jeux XBOX (« Project Gotham » et « NBA Inside Drive 2002 »), au générique de l’émission « Infomania » de la chaîne CurrentTV et dans des films (« Get Over It »). En plus de tout cela, il est le premier rappeur à avoir été diffusé dans l’émission radio de Chuck D sur Indie 103 et le premier artiste à avoir été invité deux fois dans l’émission « Daily Habit » de FUEL TV. Il est également apparu dans des publicités – imprimées et à la télévision (Levi’s et Nestlé Crunch).

Pigeon John est un jeune homme charismatique et élégant qui, à ses temps perdus, collabore avec des crews underground légendaires tels que L.A. Symphony et Brainwash Projects. Mais ce sont les shows live de Pigeon John qui parlent réellement aux fans de musique, sa présence scénique ahurissante lui permettant de capter et de maintenir toute l’attention du public entre les sets de Polyphonic Spree et de Brandi Carlile au festival SXSW par exemple.

Avec une discographie solo qui se lit comme un CV — Pigeon John is Clueless (2002), Pigeon John Is Dating Your Sister (2003), Pigeon John Sings The Blues (2005), et Pigeon John and the Summertime Pool Party (2006) — le rappeur de Los Angeles est prêt à montrer de quoi il est capable sans avoir besoin de faire de trop longues présentations. « Dragon Slayer n’est pas si différent de mes autres disques, c’est seulement que la fréquence est un peu différente », dit-il. « C’est un peu risqué, mais bon, qu’est-ce que je risque de toute façon ? »

http://www.discograph.com/pigeonjohn/

En tournée :

  • April, 1 – SANNOIS (95) – EMB
  • April, 2 – CHEMILLE (49) – Festival Les Z’éclectiques (with HONEY CUT)
  • April, 5 – PARIS (20è) – La Maroquinerie
  • April, 7 – NANTES (44) – L’Olympic (+HONEY CUT +ANTONIONIAN)
  • April, 8 – ROUEN (76) – Le 106 (+HONEY CUT +ANTONIONIAN)
  • April, 9 – DIJON (21) – La Vapeur (+HONEY CUT +ANTONIONIAN)
  • April, 10 – MARMANDE (47) – Festival Garorock
  • April, 13 – GENEVE (CH) – L’Usine
  • April, 15 – ARLES (13) – Le Cargo de Nuit
  • April, 16 – VENELLES (13) – Salle des Fêtes
  • April, 19 – LIMOGES (86) – La Fourmi
  • April, 20 – LAVAL (53) – Le 6 par
  • April, 21 – ROUBAIX (59) – La Cave aux Poètes
  • April, 23 – LE PRINTEMPS DE BOURGES (18)

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